La propriété intellectuelle

La propriété intellectuelle

D’après certaines estimations, il existerait à l’heure actuelle dans le monde plusieurs milliers d’espèces végétales différentes préparées sous forme d’élixirs floraux, par des chercheurs ou des producteurs. Cette situation ne va pas sans poser quelques problèmes, en particulier en matière d’antériorité, mais

également de fiabilité des données.

En effet, n’est pas Edward Bach qui veut : tout le monde ne peut pas mettre à jour, de façon précise et fiable, 38 profils psychologiques/floraux en quelques petites années. On assiste donc à deux phénomènes aussi nocifs l’un que l’autre pour la florathérapie : le fourre-tout et l’emprunt.

D’une part, on trouve un certain nombre de variétés florales dont les "propriétés" sont définies succinctement, pour ne pas dire de façon vague et passe-partout. On trouve ainsi d’innombrables élixirs qui "favorisent la méditation", "mettent en accord avec la nature", ou facilitent l’union de différents corps non-physiques. Outre que ces indications sont de faible valeur sur le plan thérapeutique, on peut estimer que l’on est proche de la tautologie : toute harmonisation de la personne a forcément pour conséquence de "favoriser la méditation", pourvu bien sûr que l’on se livre à cette noble activité ; et favorise tout aussi bien l’union de tout ce qui doit être uni...

D’autre part, les chercheurs qui mettent au point de vrais profils psychologiques, "vrais" signifiant : à la fois précis et fiables, se voient assez régulièrement "emprunter" le résultat d’une démarche assez longue et prenante. Une recherche sérieuse en florathérapie demande des années d’études et de vérifications.

L’emprunt est probablement effectué pour des raisons positives, en particulier : mettre à la disposition du plus grand nombre des produits dont on sent la valeur et la nécessité. Mais il y a deux effets pervers. Le premier est un appauvrissement matériel des découvreurs dont le revenu principal devrait être la vente des produits dont ils ont effectué la mise au point. Comme on se trouve dans un secteur où, à l’heure actuelle, il ne faut pas trop compter sur de quelconques subventions, rester chercheur peut s’avérer problématique. Le second est, une fois de plus, une décrédibilisation de la florathérapie. Mettons-nous à la place du "rigoureux ouvert" qui découvre la florathérapie ; et qui serait disposé à adhérer, pourvu qu’on lui donne à voir quelque chose de cohérent ; que découvre-t-il ? Une discipline censée déboucher sur la plus grande harmonie pour le plus grand nombre, et dans laquelle le respect pour le travail d’autrui n’est pas plus pratiqué qu’ailleurs ! Le moins que l’on puisse dire est que la contradiction est flagrante, et qu’il y a là de quoi faire fuir les meilleures volontés. Si d’aventure notre rigoureux ouvert découvre aussi le phénomène de "fourre-tout" évoqué ci-dessus, il lui faudra plus que de la bonne volonté pour continuer à accorder le bénéfice du doute à une discipline qui lui apparaîtra pour le moins disparate, pour ne pas dire folklorique à certains moments.

Heureusement, cette discipline est également pleine de belles choses et riche de possibilités. Il serait toutefois souhaitable, pour le bien de la florathérapie, qu’elle mette en accord, sur une plus grande échelle, ses comportements avec ses buts. C’est possible, et il y a des précédents. On pourrait par exemple procéder comme le faisaient les homéopathes à l’époque où leur science était naissante. Et déjà, pour commencer, citer ses sources. Ce qui est, après tout, la moindre des choses. Les anciennes matières médicales homéopathiques, comme celle de Clarke [1] par exemple, sont des modèles du genre. L’auteur nomme systématiquement ses collègues, précisant la contribution de chacun à la compréhension de la substance étudiée. Procéder ainsi présente l’avantage de clarifier l’origine des données, ce qui en rend la vérification et l’authentification plus faciles : des informations ayant trait à l’équilibre et à la santé devraient se distinguer aussi radicalement que possible des « on-dit ».

Les acteurs de la florathérapie partagent en général une même vision du monde, et nul doute que l’idée d’un respect mutuel et d’un développement équitable en fasse partie. Dès lors, pourquoi ne pas mettre d’emblée en application ces concepts ? Il existe déjà le "fair trade", lançons donc son cousin germain et inséparable allié : le "fair research" !

extrait de "Yi King et fleurs de Bach" (Annexe III, pages 328 à 330) - Jacques David - Editions Le Souffle d’Or - Barret sur Méouge - 2003.

NOTES :

[1] J.H. Clarke - Dictionary of Practical Materia Medica - B.Jain Publishers Pvt. Ltd. New Delhi 1978.